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La restauration du mobilier de pierre du jardin
* Cliquez ici pour voir en images l'emplacement du mobilier et son état en 2022.
Tous les promeneurs du Champ-de-Mars l’avaient constaté : les 44 vases et 64 bancs du mobilier de pierre du parc étaient pour la majeure partie d'entre eux, en triste état : cassés ou manquants pour un grand nombre, fissurés ou encrassés pour les autres, Leur installation au Champ-de-Mars datait du début du 20e siècle, entre 1925 et 1930.
Rien de très anormal à ce mauvais état, selon Guillaume Le Brethon, conducteur de travaux chez Pradeau Morin, l’entreprise spécialisée chargée de la restauration. Le mobilier date d’une époque où l’on utilisait couramment de la pierre artificielle, que l’on moulait. Ainsi, vases, socles et bancs ont-ils été réalisés et moulés avec un mélange de ciment naturel, de sable blanc ou de pierre concassée, avec l’intention d’imiter la jolie pierre de Chauvigny (Poitou), appréciée des sculpteurs du fait de sa finesse et de sa blancheur. Un matériau dont la durée de vie normale est d’une centaine d’années. Le temps et le vandalisme ont fait leur oeuvre. Nous y sommes arrivés !
En 2023, pour restaurer ce mobilier, il a été décidé de ne plus reprendre la technique de moulage mais de refaire le mobilier manquant ou irréparable en véritable pierre de Chauvigny. Ce qui concerne plus de la moitié des éléments. « C’est un choix plus qualitatif et durable » estime G. Le Brethon.
Les vases sont refaits selon un processus mi-industriel, mi-manuel : des relevés numériques de leur forme sont d'abord réalisés (ph. 5 ci-dessous) et d'imposants blocs de pierre sont commandés (3,3 m3 pour les grands vases Médicis - 0,7m3 pour les vases Versailles, plus petits).
Commence alors la taille numérique à la machine. Pour un grand vase, il faut compter un mois pour cette étape. Lorsque le gros de la pierre inutile a été dégagé par la machine, un sculpteur prend le relais pour terminer à la main. Cette étape de taille manuelle demande également un mois.
Une "nouvelle" balustrade
Devant l’École miliaire, le travail de restauration de la balustrade était quasiment achevé début septembre. Plus de la moitié des balustres ont dû être refaites : 115 balustres sur 216. Certaines avaient disparu, la plupart des balustres restantes étaient très abimées. Les habitués du Champ-de-mars sont souvent surpris de la couleur très blanche de la « nouvelle » balustrade (photos 6 et 7 ci-dessous : Avant / Après). Nul doute que la pollution parisienne se chargera bientôt de griser cette blancheur initiale !
Un peu de technique : un goujon, la tige métallique qui avait été placée, voilà un siècle, au centre de chaque balustre pour en améliorer la résistance mécanique (photo 8 ci-dessous), sera toujours utilisé mais sous une forme plus moderne : la tige sera désormais en fibre de verre car les tiges en fer malheureusement font éclater les pierres, créant des fissures lorsqu’elles sont en contact avec l’eau de pluie. Ce que les artisans de la Belle Époque ignoraient visiblement…
Deuxième étape, place Rueff
A noter que, l’eau étant le pire ennemi de la pierre, il a été décidé de placer un « couvercle » en plomb, en haut des tous les vases, pour éviter que l’eau ne s’accumule à l’intérieur. Cela permettra d’éviter que les vases soient utilisés comme cachettes par les petits vendeurs à la sauvette qui sont légion au Champ-de-Mars, comme cela a été souvent le cas jusqu’à présent. Si l’on en croit les documents de l’époque, les concepteurs des années 20 pensaient plutôt à des fleurs et à des plantes lorsqu’ils ont créé le décor architectural du Champ-de-Mars. Une idée qui pourrait être reprise aujourd'hui...
Des bancs qui reviennent de loin
Leur état est variable : soit il manque le vase en leur milieu, soit le banc a perdu un côté soit les deux (*). Certains penchent fortement d’un côté car le sol a été bousculé au fil des années, d'autres sont seulement encrassés. Ces derniers se verront offrir un nettoyage de fond (hydrogommage) qui leur redonnera leur couleur d’origine, plutôt blanche. Au final, l’ensemble des bancs sera restauré avant les Jeux olympiques, conclut M. le Brethon, qui confirme que « les vases autour de la place Rueff qui doivent être complétements refaits ne le seront qu’après les Jeux Olympique de 2024. »
Rappelons que c’est notre association qui est à l’origine de cette restauration du mobilier en pierre du Champ-de-Mars puisqu’elle l’a proposé au budget participatif de la ville de Paris en 2022. Nous avons beaucoup communiqué – notamment par des actions sur le terrain pour que les Parisiens votent pour ce projet. Ce qu’ils ont fait avec le sourire, un grand merci à eux !
Corinne Roy - 16 septembre 2023
Crédits photographiques :
association Amis du Champ-de-Mars, Société Pradeau Morin (photos 3 , 5 et 8), Mairie de Paris (schéma ci-dessous)
PHASES DE DE RESTAURATION (Mairie de Paris)