LA RESTAURATION DU MOBILIER DE PIERRE DU JARDIN AVANCE À GRANDS PAS
Tic-tac, tic-tac, le ventre des oiseaux fonctionne à merveille. À midi sonnant, alors que le chantier de restauration du mobilier de pierre du jardin s’apprête à s’arrêter pour une heure, étourneaux et pigeons accourent par dizaines, le bec ouvert, prêts pour la pause déjeuner !
L’équipe de restauration a pensé au Noël des oiseaux du Champ-de-Mars.
Il est vrai que les habitants du Champ-de-Mars commencent à bien les connaître, ces hommes aux habits et visages souvent blancs de poussière, qui vont d’un banc à un vase avec leurs tronçonneuses à pierre ou du ciment. Ceux-ci sont chargés du chantier de restauration, projet proposé par notre association pour le budget participatif 2022 et primé par la population parisienne.
Cela fait un peu plus de trois mois que l’équipe de la société Pradeau-Morin, qui s'est vu confier le chantier de restauration par la Mairie de Paris, a installé sa base-vie près de la place Jacques Rueff, à côté de l’esplanade où se retrouvent les habitués de la pétanque.
Dès juillet dernier, les équipes de la société ont restauré la longue balustrade devant l’École militaire. Elles se sont ensuite concentrées autour de la place Rueff, où se trouvent la majorité des bancs et des vases décoratifs du jardin.
Les artisans ont d’abord posé de hautes barrières autour des quarante-quatre bancs et des soixante-quatre vases. Début décembre, de « nouveaux » bancs et socles ont été livrés. En effet, trene-cinq des soixante-quatre bancs existants ont dû être remplacés car ils étaient très abimés ou avaient totalement disparu. Refaits en atelier, ils sont actuellement mis en place. Avec quelques péripéties : après avoir posé un noveau banc sur une parfaite horizontale, un des artisans s'est absenté quelques minutes, le temps d’aller chercher un outil. En revenant, il a trouvé six touristes confortablement assises sur le siège fraichement posé ! Il a fallu recommencer le travail et sceller à nouveau le banc.
Les nouveaux bancs et socles sont arrivés début décembre 2023.
Remplacement d’un socle
Installation d'un des nouveaux bancs
Un art du béton !
Le matériau utilisé pour le nouveau mobilier est différent de celui mis en oeuvre à l'origine : les vases ou bancs de remplacement ont en effet été réalisés en pierre, alors que les originaux, qui datent du début du vingtième siècle, ont été fabriqués en béton. Eddy Lerouge, le responsable du chantier, est en admiration devant le travail effectué voilà un siècle : « Je n’ai jamais vu ça en trente ans de métier ! » il n’en revient pas de la finesse du granulat employé et de la qualité des finitions, des motifs réalisés.
Réaliser aujourd'hui de tels ouvrages en béton serait sans doute possible mais demanderait beaucoup de temps, et donc d’argent.
Un des plans d'origine (1909), fil conducteur pour la restauration
Une grande partie des bancs et des vases en béton, environ la moitié, resteront en place. S’ils étaient seulement fissurés, des injections de résine ont suffi, ainsi que la mise en place d’une armature de consolidation à l’intérieur, tenue par des agrafes. « A l’époque, les anciens ont utilisé un fil de fer pour tenir les vases de l’intérieur. Leur fil plutôt fin, de 5 mm, a d’ailleurs bien résisté à la rouille et au temps » précise l’artisan.
L’un des deux bancs avait disparu depuis des années.
Avant et après les travaux de restauration !
Eddy Lerouge rappelle que l’objectif premier est de maintenir au maximum sur place le mobilier ancien, pas de le remplacer. Mais les mauvaises surprises sont inévitables : un vase fissuré s’est ainsi totalement fendu lorsqu’on lui a enlevé sa galette (le col du vase, en haut) pour le restaurer. Il sera donc totalement refait.
Tous les bancs non refaits ont eu droit à un nettoyage à fond, par hydrogommage, qui leur a redonné leur couleur d’origine, plutôt blanche. Mais celle-ci n’est bien sûr pas aussi laiteuse que les blocs de pierre fraichement débarqués des ateliers.
Certains grands vases placés sur des piédestaux autour de la place Rueff sont actuellement nettoyés. Ils étaient très noircis, du fait notamment de la pollution ambiante.
Des vases noircis et fissurés
Sur place, un sculpteur les décrasse avec un micro abrasif qui se veut doux : de la grenaille végétale réalisée à partir de noyaux d’abricot (Cf. photo en ttête de l'article).
Pour lutter contre l’humidité, tous les vases du Champ-de-Mars ont été à l’origine recouverts d’un couvercle.. Un siècle plus tard, ceux-ci ne sont plus étanches ou cassés. Ils seront refaits et une deuxième protection sera ajoutée - une fine couverture en plomb. Ce solide couvercle aura un avantage très prosaïque : il empêchera qu’à quelques mètres d’un lieu très touristique, les cavités des vases soient utilisées comme poubelles ou comme cachettes de pacotilles...
Nettoyage des grands vases autour de la place Rueff.
Prochaine étape : le retour des quatre grands vases qui ornent la balustrade devant l’École militaire, annoncé pour janvier 2024. Ces vases, en très mauvais état, avaient été déposés en juillet 2023 et sont actuellement refaits à l’identique en atelier.
Corinne Roy - décembre 2023
Crédits photographiques : Amis du Champ-de-Mars / C. Roy
BUDGET PARTICIPATIF 2022
Du 8 au 27 septembre, votez pour la restauration du Champ-de-Mars !Notre projet, en compétition...
BUDGET PARTICIPATIF - LE MOBILIER DE PIERRE DU CHAMP DE MARS LAURÉAT 2022 !
Le projet déposé par Les Amis du Champ-de-Mars pour la restauration du mobilier de pierre du...
Juillet 2023 : LA RESTAURATION DU MOBILIER DE PIERRE DU JARDIN EST LANCÉE !
Bonne nouvelle pour le Champ-de-Mars…Les travaux de restauration de son mobilier historique en...
Été 2023 : LES BALUSTRADES DEVANT L'ÉCOLE MILITAIRE SE REFONT UNE BEAUTÉ
C’est tout en haut du Champ-de-Mars, avenue de la Motte-Picquet, devant l’École militaire,...
Les arbres blessés du Champ-de-Mars...
Des dizaines d'arbres blessés : c'est le premier bilan que nous avons pu faire sur les deux...
Derrière les palissades olympiques...
À quoi ressemblait le Champ-de-Mars pendant les Jeux olympiques ?Fermé par de grandes...