INSÉCURITÉ SUR LE CHAMP-DE-MARS : CLÔTURER OU NON ?
Vendeurs à la sauvette, joueurs de bonneteau, activités commerciales prohibées, offres trompeuses de transport, voleurs. De nombreux médias ont récemment consacré des articles et reportages à l’insécurité au Champ-de-Mars (CM).
De fait, il semble qu’avec le confinement, les abords sont devenus moins sûrs le soir et le récent retour des touristes a réactivé les commerces illégaux en tout genre autour de la tour Eiffel.
Dans une interview télévisée, Matthieu Valet, secrétaire national adjoint du syndicat indépendant des commissaires de police a enfoncé le clou en déclarant : « C’est vrai qu’on est sur un point noir de la capitale où le travail de fond va prendre encore beaucoup de temps parce que ce quartier désormais cristallise, à l’instar de Barbès dans le 18e arrondissement, toutes les délinquances, tous les voyous, que ça soit les voyous des sans-papiers ou les voyous locaux. »
Du coup, des riverains ont exprimé leur mécontentement et leurs frustrations. Ils les ont racontés dans différents articles. Rachida Dati, la maire du 7e, a proposé de clôturer le grand parc, « pour des raisons de sécurité évidentes et pour des raisons écologiques », les pelouses étant très dégradées du fait de leur surexploitation.
L’idée de fermer le Champ-de-Mars avait déjà été évoquée par certains candidats lors des dernières élections municipales. Il est vrai que les parcs et jardins parisiens sont pour la plupart clos et fermés la nuit, le CM et les jardins des Champs-Élysées faisant exception.
Les Amis du Champ-de-Mars n’ont jamais préconisé de clore ce lieu historique, qui n’a pas été conçu comme un jardin clos mais comme un espace ouvert. Nous considérons le Champ-de-Mars comme un élément de la grande promenade reliant le Trocadéro à l’Ecole militaire. Actuellement, cette magnifique perspective est déjà fortement tronçonnée, à notre grand regret, par l’enceinte de sécurité de la tour Eiffel, le Grand Palais éphémère et l’emprise de multiples manifestations temporaires. Tout obstacle supplémentaire achèverait de détruire sa continuité et son agrément.
Mais clôturer serait-il efficace contre la délinquance ? Il est douteux qu'une zone clôturée à l’intérieur du parc qui ne le serait pas en totalité soit la bonne solution pour les riverains des endroits « chauds » aux abords de la tour Eiffel. La clôture généralisée est-elle possible et comment concilier une telle mesure radicale avec les contraintes touristiques liées à la tour Eiffel ?
C’est évidemment le célèbre monument, qui par son attractivité génère les difficultés. Avant la période Covid, sept millions de visiteurs s’y pressaient chaque année (et encore ce chiffre ne compte que les visiteurs payants). Sa sur-fréquentation favorise la prolifération de commerces interdits, de trafics et l’insécurité qui en résulte.
La tour Eiffel continuera longtemps de fasciner et d’attirer. Il n’est pas concevable d’en interdire l’accès. Mais, osons le dire, il faudrait le limiter en fonction du principe « qu’on ne peut accueillir tout le monde, en même temps, au même endroit » (ICOMOS, Grands sites de France). D’autant que les touristes sortent souvent eux-mêmes déçus de cette expérience dont ils avaient souvent rêvé pendant des mois.
Nos responsables doivent admettre que le site est d’ores et déjà saturé. En vue des Jeux Olympiques, la ville de Paris a lancé un grand projet de restructuration du site, OnE-site, qui fait fausse route car il vise à renforcer la fréquentation touristique (en la fixant sur place par la multiplication de boutiques), mais aussi à exploiter le parc pour de multiples événements.
En n’envisageant que des solutions purement techniques comme des enceintes fermées, on semble ignorer le recours aux moyens humains tels que gardiennage, surveillance et police du site. Pourtant, des sites de grand tourisme à l’étranger démontrent le bien-fondé de l’emploi de tels moyens. Pourquoi renoncer à édicter quelques règles d’intérêt général sur la fréquentation des lieux touristiques et des jardins alors même que l’époque veut les sanctuariser au nom de l’écologie et de la santé ?
Le tourisme évolue vers la qualité et nombre de voyageurs commencent à comparer et sélectionner leurs destinations en fonction de la qualité de visite proposée.
Rachida Dati parle des interpellations devenues impossibles : faudrait-il alors militer en faveur de nouvelles dispositions réglementaires et à quelle échelle ?
Le débat est en tout cas ouvert. Nous entendons y participer pleinement, forts des constats que nous avons accumulés sur le site et de notre ouverture à l’ensemble de ses problématiques, touristique, écologique et réglementaire.
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