UNE ÉCURIE DE FORMULE 1 "ÉCOLO" !
Micha est depuis vingt-et-un ans au Champ-de-Mars, avec son circuit de karting pour enfants. Lui aussi doit quitter le jardin le 31 mars prochain pour laisser la place aux JO Paris 2024. Il n'aura pas de revenus pendant six mois. Sans doute huit, si l'on se fie à l'expérience de la "fan zone" lors de l'Euro Foot 2016.
Micha ne se plaint pas. Ce qu'il souhaite avant tout, c'est de pouvoir recommencer à travailler au Champ-de-Mars après les JO. Découvrez son portrait ci-dessous :
Elles ne polluent pas. Elles ne font pas de bruit. Et elles n’écrasent pas les racines des arbres anciens. A l’heure où le jardin du Champ-de-Mars est sans cesse traversé par des engins motorisés au service d’événements commerciaux, le promeneur pousse un soupir de soulagement lorsqu’il aperçoit leur silhouette au détour d’une allée.
Elles sont vingt exactement, alignées comme pour le départ d’un Grand Prix. Le circuit de ces voitures à pédales colorées est clairement balisé : ovale, il fait près de 80 mètres de long, sur l’avenue Charles Risler, l’une des allées transversales du Champs-de-Mars. A quelques pas du Monument des Droits de l’homme.
Les pilotes sont nombreux, Il y a les plus petits qui, hauts comme trois pommes, ont été confortablement été posés dans leur berline. Ils regardent avec béatitude défiler le Champ-de-Mars autour d’eux. Réalisent-ils que c’est Maman ou Papy qui les poussent et fournissent l’énergie qui les transportent ? Pas sûr…
Les plus âgés, eux, se montrent motivés. Ils savent qu’ils sont les seuls maîtres à bord. Sans l’énergie fournie par leurs mollets, leur pur-sang de métal n’avancera pas d’un pouce.
De 2 ans à 70 ans.
Le manager du circuit suit du regard les différents pilotes qui tournent en boucle, tout en accueillant les nouveaux venus. Il faut compter 2,50 euros pour sept tours. Pas besoin de ticket. De son œil d’expert, il évalue les tours effectués. « Après, ça dépend, s’il n’y a pas trop de monde qui attend, je laisse volontiers faire des tours en plus. »
Micha gère seul le circuit du champ-de-Mars depuis huit ans. Auparavant, il a travaillé pendant treize ans pour Enrique, son prédécesseur parti à la retraite. Il est donc au Champ-de-Mars depuis ving-et-un ans.
Micha sur l'un de ses bolides à pédales
La clientèle est jeune, mais pas seulement. Souvent, les parents prennent le volant des bolides, à côté de leurs bambins. Parfois même les grands-mères. « Il n’y a pas de limite d’âge » estime le forain qui souligne que ses voitures, de grande qualité, sont fort résistantes. Le poids limite du conducteur a été fixé par leur constructeur belge … à 125 kilos !
Dans un endroit très fréquenté par les touristes – ah oui, la tour Eiffel ! -, les pilotes en herbe sont essentiellement des enfants du quartier. Souvent très fidèles. Micha connait par leur prénom plus de la moitié d’entre eux.
Le circuit est ouvert tous les mercredis, samedis et dimanches, sauf pluie, grand froid ou grande chaleur. Les caprices de la météo sont la difficulté majeure pour le forain qui, Ukrainien né en Sibérie, n’a lui-même pas peur de travailler dehors par grand froid. Mais les pilotes sont rares en cas de mauvais temps. « Cette année, les vacances d’octobre ont été deux fois moins actives que dans le passé, à cause des tempêtes. Alors que ces vacances automnales sont habituellement la meilleure période de l’année pour mon attraction. «, constate Micha.
Une activité rétro « tendance »
De quand date l’arrivée au Champ-de-Mars de ces voitures à pédales qui fleurent bon le passé ? Personne ne sait vraiment mais certains se souviennent qu’avant, une autre attraction régalait les enfants du Champ-de-Mars : les sulkies, ces chars à pédales tirés par des chevaux en bois. Une célèbre photo de Doisneau, datant de 1969, les a immortalisés.
Les sulkies au Champ-de-Mars © R. Doisneau
Les voitures à pédales, dont la grande époque remonte aux années 50, ont toujours leurs amateurs. Elles ont trouvé leur place dans différents musées. Il existe également une respectable Fédération française des clubs de voitures à pédales et des compétitions sont organisées chaque année partout en France.
Malgré ces performances, ce sport ne sera pas présent aux Jeux olympiques à Paris en 2024. Comme tous les autres sports automobiles. Les pilotes du Champ-de-Mars restent sereins. Ils ont l’avenir devant eux. Une fois les jeux olympiques passés, ils espèrent bien revenir en piste pour de nouveaux records de vitesse.
Corinne Roy - 15 janvier 2024
Crédits photographiques : Amis du Champ-de-Mars / C. Roy
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